lundi 24 septembre 2018

Chronique : le Miroir de Peter


John Ethan Py
Auteur francophone
L'Homme Sans Nom
Fantastique
19.90 €
318 pages

John Ethan Py, alias Sébastien Peguin, fait partie de ces auteurs francophones que je suis à chaque parution. Je l'avais découvert à la sortie de son très beau Le Songe d'Adam (lu avant que je ne me mette aux chroniques assidues) et je l'avais suivi dans son étrange récit autour de Lovecraft dans ChessTomb qui avait été une très belle réussite. Du coup, je m'étais jetée sur la précommande de son dernier Le miroir de Peter... pour le lire maintenant, 2 ans plus tard. Le temps passe trop vite !

Sans surprise de la part de l'auteur, il y a une énorme base de recherches. Le livre entier est riche en détails biographiques et symboliques et encore une fois j'ai appris énormément de choses. Dans Le miroir de Peter, nous nous intéressons à l'art cinématographique en grande partie, ainsi qu'à la symbolique des miroirs. Cette fois c'est l'histoire de Lewis Carroll en particulier que nous allons retracer d'une manière passionnante.  

On suit ici l'unique narrateur, Satiajit, psychiatre qui va prendre pour patient l'écrivain à succès horrifique George Mothershield. Un grand mystère plane sur cet auteur pour savoir comment il parvient à écrire des romans aussi horribles et pourtant saisissants. J'ai bien aimé Satiajit même s'il est plutôt du genre passif, à se laisser marcher sur les pieds par sa femme agaçante et ses beaux parents hautains. J'avais envie de le secouer. Il reste sympathique à suivre, tout comme George, dont la femme Martha est en revanche très flippante.  

L'ambiance du roman est particulière, glauque, oppressante. On sait que quelque cloche, ou va déraper mais impossible de deviner les révélations de l'auteur en ce qui me concerne. Il a très bien tissé sa toile et c'était extrêmement enrichissant. J'ai appris des choses intéressantes sur les légendes autour de certains films horrifiques, comme Freaks ou Cannibal Holocaust (que je n'ai pas vu d'ailleurs), sur Lewis Carroll, Stanley Kubrik (dont j'apprécie grandement les films), sur la psychanalyse etc. Cela m'a donné envie de voir tous les films cités que je ne connaissais pas encore.

Je ne vous le cache pas, ce livre est exigeant. Pas forcément en connaissances mais en attention et en rigueur. J'ai un grand respect pour l'auteur qui parvient à inclure dans le récit le résultat de ses astronomiques recherches sans le rendre indigeste ou soporifique. J'avoue par contre avoir été un peu perdue à un moment du récit avec tous les miroirs mais je pense aussi qu'à ce moment, je n'étais pas à 100% dedans.

Évidemment, qui dit miroir, dit porte ouverte à l'imagination horrifique. Les révélations de fin sont surprenantes mais cohérentes. Elles renversent le cerveau c'est sûr mais la toute fin avec la fameuse "image" est... absolument géniale. Je ne m'y attendais pas mais dès que j'ai su ce que c'était, j'étais bluffée et c'était comme une évidence. C'est une fin très forte et marquante. J'en suis encore impressionnée. 



En conclusion, c'est un très bon roman. Exigeant, comme je l'ai dit plus haut mais extrêmement riche et intéressant. J'ai préféré ChessTomb, d'où ma note inférieure, mais je ne regrette absolument pas d'avoir suivi l'auteur une fois encore et j'espère qu'un prochain roman fera bientôt son apparition.


Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

lundi 10 septembre 2018

Chronique : Olangar T1


Clément Bouhélier
Auteur francophone, voir la page facebook
Critic
Fantasy
22 €
446 pages

J'ai eu la chance d'être sélectionnée par les Vénérables de Book en Stock en partenariat avec les éditions Critic afin de recevoir non pas un, mais deux livres pour Le mois de Clément Bouhélier (à venir en octobre). J'ai donc reçu au cours de l'été les deux parties de son dernier né : Olangar. Histoire de faire durer le suspens, je vais les poster avec un peu d'intervalle. J'ai moi-même laissé quelques livres entre mes deux lectures comme je fais souvent, surtout avec des univers aussi denses (pour éviter l'overdose et une baisse d'attention).

Si vous avez bien suivi, je me suis familiarisée avec l'auteur au travers de son thriller fantastique Passé Déterré. Nous avons ici une toute autre ambiance puisque nous sommes dans la fantasy. Mais de la fantasy assez originale si je puis dire car elle se place à une époque semblable à notre révolution industrielle.

Bon autant avouer tout de suite : je n'ai pas le moindre défaut à relever dans ce roman. Voilà, c'est dit. J'ai adoré du début à la fin. Ce roman est très immersif. Dès les premières pages, l'auteur réussit la très casse-gueule technique du flash back pour raconter l'histoire de son personnage principal... mais intégrée à une baston bien ancrée dans le présent, cela rend le tout très dynamique et plutôt marrant à suivre. Chapeau. 

L'ambiance fantasy qui se déroule à une ère industrielle se compose d'orcs, elfes, nains, d'attaques de train façon western, de guerres sanglantes et de luttes syndicales face à des complots politiques qui forment un cocktail détonnant qui fonctionne du tonnerre. Imaginez un mélange de Wolrd of Warcraft, Gangs of New-York et de Wild Wild West et vous aurez une petite idée de l'ambiance d'une grande richesse créée par l'auteur. Moi, j'y étais à 200%. 

Nous avons donc un récit immersif et passionnant, porté par des personnages très intéressants et loin des clichés. Nous avons un trio principal composé de Torgend, un Elfe combattant déchu qui aime bien se défouler sur des gens ; Evyna, une humaine du sud venue faire la lumière sur la mort de son frère, à la fois intelligente, douée au combat mais pas pour autant une badass qui sait tout de la vie ; Baldek, un nain syndicaliste, charismatique, franc dans ses bottes et avec un certain talent pour les assassinats et la politique. Ces trois héros sont foncièrement bons mais ne rechignent pas à devoir se salir les mains et se les couvrir de sang. La vie à Olangar est dure et violente, cela se ressent à chaque instant.

Ces personnages riches, au background fouillé, attachants, terriblement "humains" dans leurs démarches, viennent renforcer une intrigue et un univers solides. L'intrigue justement se dévoile peu à peu dans le roman et la quête d'Evyna, aidée par Torgend, semble cacher un complot ou une affaire de grande envergure qui pourrait même recouper l'enquête de Baldek aussi. Comme dans Passé Déterré, l'auteur prend bien le temps de poser son contexte, ses personnages et son ambiance avant de monter petit à petit dans le suspens. Et là encore, servie par une plume très agréable et maîtrisée, cette narration se fait sans longueur. Mieux, j'ai été tellement embarquée et passionnée que je tournais les pages sans m'en apercevoir et ce petit pavé a été dévoré en moins d'une semaine.

Ce premier tome très marquant fait aussi écho avec l'actualité et notre sentiment d'impuissance face aux politiques et l'argent qui gouvernent ce monde. Que vous soyez ou non amateur de fantasy, je vous conseille très vivement ce roman. Pour ma part, j'ai grand hâte de me plonger dans la deuxième partie. Foncez, chers amis, foncez !


Ma note : :star::star::star::star::star:

mercredi 5 septembre 2018

Chronique : Le regard



Ken Liu
Traduction : Pierre-Paul Durastanti
Belial
Science-Fiction
8,90 €
92 pages

J'ai emprunté ce livre à un ami lors de mes vacances car je trouve cette collection très intéressante, tant au niveau de l'objet livre (avec des couvertures d'Aurélien Police) que sur le fond. En plus cela me permet de connaître très vite de très bons auteurs de SF. Seul bémol, je trouve personnellement le prix trop élevé par rapport au nombre de pages quand on compare à un poche normal et je rechigne donc à en acheter d'autant plus quand mon budget loisir se restreint... mais c'est une super collection donc si je peux les emprunter c'est tant mieux. 
Grâce à ce petit roman, j'ai découvert Ken Liu et nous allons parler ici de l'augmentation humaine par la technologie et des questions importantes sur la gestion de nos émotions par ces technologies. Ce n'est pas un thème nouveau mais il reste toujours aussi intéressant lorsqu'il est bien traité. 
Les idées ici sont bonnes et le personnage principal bien fouillé en dépit du peu de pages (92p). J'ai pris plaisir à rencontrer l'héroïne Ruth Law. J'ai immédiatement eu de l'empathie pour elle. L'auteur nous raconte son histoire et le drame de sa vie au fil des pages de façon très naturelle et fluide. Cela nous immerge davantage dans l'enquête qu'elle mène. 

Comme dit plus haut, Ken Liu nous amène à réfléchir sur des questions intéressantes qui seront peut-être bientôt d'actualité. Ce court roman aurait été parfait dans la série Black Mirror ! La principale question abordée ici est de savoir s'il vaut mieux avoir une froide analyse de la situation commandée par des régulateurs d'origine robotique ou bien de suivre son instinct, de nature impulsive et commandé par notre cœur, notre âme ? J'ai vraiment bien aimé la manière dont ce thème était abordé, avec tout ce qu'il faut d'émotion, de logique et de réalisme. À aucun moment l'auteur ne nous dit ce qui est bien et ce qui est mal, le choix revient au lecteur. Ce roman nous parle aussi du deuil, des remords que chacun peut avoir et comment chacun peut les gérer, du pardon envers soi-même.

Mes bémols concernent la fin que j'ai trouvée trop abrupte, même pour un roman court,  sur le manque d'approfondissement sur le tueur et un dénouement assez facile à deviner. L'univers est original mais pas l'intrigue. Apparemment c'est un constat qu'ont fait plusieurs lecteurs en comparaison avec les autres œuvres de l'auteur. Je suis donc curieuse de lire ses autres romans.



Ma note :